Dernière mise à jour : 25 sept. 2020
Je fais partie de la majorité des gens qui vivent comme branchés à un circuit continu qui recommence tous les matins. Sincèrement, la monotonie m’agace fortement, mais je fais avec.
Ça vous est sûrement déjà arrivé de faire quelque chose sans vous en rendre compte, tellement vous aviez l’habitude de le faire. Eh bien moi ce n’est pas qu’une action, mais c’est ma vie toute entière.
Le moment où j’écris ces mots, je suis chez moi paisiblement assis sur ma chaise roulante à côté du canapé de mon salon. Mais à cause de vous je risque de me faire interner.
A vrai dire, je voulais en parler, et je ne pense pas qu’un psy pourrait faire quoique ce soit pour moi.
Malgré de nombreux entretiens, on ne m’avait proposé que du PROZAC et du DEROXAT. J’ai essayé, mais la vérité, c’est que ces médicaments n’ont fait que cacher le vrai problème derrière une bâche temporaire. C’était sans issue.
Rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter une histoire dépourvue de tout intérêt. En fait, ça n’est pas forcément un aboutissement heureux ou malheureux, je vais juste vous raconter une “aventure“ l’aventure de ma vie.
Après avoir essayé toutes les techniques moralement correctes qui, entre nous, n’avaient pas fonctionné, je finis par désespérer. Alors je m’en remis aux antidépresseurs ce qui n’était pas la meilleure solution, mais je n’en avais plus.
Un jour, mon frère m’invita à sa fête d’anniversaire, à laquelle je n’avais pas participé depuis que nous avions douze ans. Je sentis en moi comme un sentiment de nervosité mélangé à une sorte d’exultation. J’étais heureux, sentiment que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Sans hésitation, je lui répondis que oui, j’allais venir. Le soir venu, je ne savais pas comment m’habiller. C’était d’ailleurs la première fois que je quittais mon vieux blaser gris taupe qui sentait le vieux et la transpiration. Bizarrement, je ne remarquais pas que depuis l’invitation je faisais plein d’actions qui ne m’étaient pas familières, mais qui pourtant me le paraissaient.
Vers vingt et une heures je sortis du motel dans lequel je vivais pour le moment, car en plus de ma lassitude j’étais fauché, accro au poker. Ce jeux dans lequel j’excellais. Mais un jour un homme me détrôna. J’avais perdu cinq mille dollars.
Je me trouvais maintenant devant l’endroit du rendez-vous. J’étais à l’heure mais la musique avait déjà commencé. Je n’attendis pas plus de dix secondes avant que mon frère ne m’ouvre la porte. Il me complimenta sur mon t-shirt que j’avais finalement décidé de mettre, qui était en fait mon pyjama.
A l’intérieur, il me serait très facile de décrire les décorations de très mauvais goût. Au moins il faisait chaud. Plus le temps passait plus la salle se remplissait. À la fin nous étions plus de trente dans une pièce de vingt-cinq mètres carré. Au milieu de la soirée un mec me proposa une bière, j’eus un instant de doute mais le boxer dessus avait comme l’air de vouloir m’inciter, alors je bus, même un peu trop. Désormais je ne voyais plus que de vagues lumières, à la place des lanternes moches qui ornaient le plafond. Le fait de perdre le contrôle me paraissait agréable mais insatisfaisant et énervant car on perd la maîtrise de son corps. J’essayais de paraître le plus sobre possible.
Bien qu’on soit au troisième étage il me vint bizarrement une envie de sortir par la fenêtre. J’ouvris l’un des battants, enjambai le rebord et me préparai pour l’envol. C’est alors que mon frère me retint le bras, hurlant que je devais descendre. Me retournant, dos à la vitre je le regardai dans les yeux, installant un sorte de malaise fondu dans son visage ébahi. J’enlevai sa main de mon bras et me laissai tomber en arrière dans le vide.
En me retournant, j’ouvris les bras, persuadé de pouvoir voler. J’étais maintenant à un mètre du goudron quand des ailes sortirent de mon dos, déchirant mon t-shirt et me permettant de planer au-dessus des arbres de Yellowstone.
Stupéfait, je levai la tête par-dessus mes épaules pour apercevoir une paire d’ailes de pygargue d’à peu près deux mètres de long qui battaient sur commande. La vue depuis là- haut était sublime, les lampadaires du parc me permettaient d’apercevoir les cimes sombres des arbres pour les éviter. Le vent frais qui longeait mon corps et sifflait dans mes oreilles me paressait pour une fois exquis. J’avais oublié tous mes problèmes, ma routine. Un moment extraordinaire !!!
Mais tout bon moment a une fin, malheureusement. Une feuille de platane me masqua la vue, me laissant assez de temps pour percuter une branche et me retrouver à terre.
J’avais très mal aux côtes, aux pieds et à la hanche. Je m’évanouis.
- Nicolas… Nicolas ! T’as fais une sacrée chute. Ça va ?
J’ouvris les yeux et la lumière des lampions m’éblouit. Les feux rouges et bleus tournoyaient, sûrement ceux de l’ambulance. Quand mes yeux furent habitués, j'aperçus le visage de mon frère. Il était pareil à celui qu'il avait avant que je prenne mon envol. Je lui souris. L’air étonné il me proposa de me relever, mais impossible mes jambes ne répondaient plus.
Une fois dans l’ambulance, je voulus vérifier si mes ailes étaient toujours dans mon dos, mais non, les belles ailes que j’avais avant, n’y étaient plus. Il n’y avait même pas de trous dans mon t-shirt. Les doigts croisés, posés sur mon ventre, je regardai le plafond.
« Quelle soirée » me dis-je en repensant au vol de tout à l’heure.
Quand je voulus me toucher la tête, je sentis une brindille, qui, une fois retirée s’avéra être une plume, preuve ou coïncidence, à vous de le me le dire.
FIN
Prix d'originalité
Dernière mise à jour : 25 sept. 2020
En se réveillant ce matin-là, Georges réalisa qu’il n’était pas dans son état normal. Il était tout fripé comme s’il sortait d’un long bain.
C’était un jeudi, jour d’école, mais il n’avait pas envie d’y aller. Il sentait que quelque chose de bizarre s’était passé la veille. Il arriva en classe un peu endormi alors qu’il avait ce jour-là un cours de dessin. Le professeur leur donna comme thème : « le monde sous-marin ». La plupart des élèves commençaient à dessiner mais la feuille de Georges demeurait blanche. Georges fixait le mur de la classe, hébété mais aucune inspiration ne lui venait. Pour finir il griffonna rapidement un simple dauphin puis se replongea dans ses pensées. Quand il regarda l’horloge, il vit que cela ne faisait qu’une heure qu’il travaillait. Le temps ne s’était pas écoulé aussi vite qu’il l’aurait voulu. Quelques instants plus tard, il regarda à nouveau l’horloge et constata que les aiguilles n’avaient pas bougé. Il se dit qu’il fallait signaler cette anomalie. Il se retourna vers le bureau de son professeur mais il n’y avait personne. Il pensa qu’il était parti faire des photocopies. C’est alors que Georges réalisa qu’il n’y avait plus aucun bruit dans la classe. Il se retourna à nouveau et vit la classe vide. Il regarda à nouveau l’horloge et se sentit soudain attiré par cet objet. Les aiguilles commençaient à tourner et tournèrent de plus en plus vite jusqu’à ce qu’il ne voie que du noir.
Il reprit conscience dans le bus qui s’arrêta devant chez lui. Il en descendit et ouvrit la porte de la maison. Dans sa chambre, toujours préoccupé par ce qu’il venait de vivre, il pensa qu’un bon bain pourrait l’aider à se détendre.
En attendant que la baignoire se remplisse, il accrocha son dessin sur sa porte. Enfin, il entra dans un bain chaud et agréable et put enfin commencer à rêvasser. Il se remémorait sa journée quand il sentit quelque chose qui venait du fond de sa baignoire. Il s’en rapprocha et soudainement se fit aspirer dans les tuyaux d’évacuation. Minutes après minutes il perdait de l’oxygène et peinait à respirer. Il se retrouva, paniqué, dans un immense liquide bleu foncé sans fond. Il ne voyait rien autour de lui et la terreur l’envahissait de plus en plus. Lui qui avait toujours eu peur de se noyer, il essaya, dans un dernier geste, de remonter à la surface et n’y arrivant pas, il abandonna et se laissa à nouveau couler.
Tout à coup il se rendit compte qu’il pouvait respirer même s’il était au fond de l’océan. Il rouvrit les yeux, prit une grande bouffée d’air et regarda autour de lui un peu plus rassuré. A ce moment, droit devant lui, il aperçut une masse noire non identifiée. Apeuré, il réalisa que cette forme s’approchait de lui. Tétanisé, il regarda cette ombre s’approcher mais, en la regardant de plus près, il réalisa qu’il s’agissait du dauphin qu’il avait dessiné le matin-même à l’école. Sachant que ces mammifères ne sont pas dangereux, il commença à se calmer.
Georges se sentit à nouveau aspiré par le fond. Il était lourd, très lourd. Une décharge électrique le ramena dans la baignoire où il s’était endormi. Il sortit de son bain qui était froid. En allant dans sa chambre il vit sur la feuille accrochée sur sa porte que le dauphin avait disparu. Seule une feuille bleue sombre demeurait. Cela lui rappelait un vague souvenir, mais rien de plus précis.
Le lendemain était un jeudi et il se réveilla un peu troublé. Il avait la peau fripée comme s’il avait pris un très long bain. Il alla à l’école et se souvint qu’il avait le dessin ce jour-là. Le professeur avait choisi comme thème « les animaux sous-marins ». Cette fois, inspiré, il fut le premier à commencer son dessin.
Dernière mise à jour : 25 sept. 2020
L’herbe me chatouille les oreilles. Elle s’enroule autour de mes doigts. Je ferme ma main et arrache une poignée de brins. Je les lance, puis, ils me retombent dessus. Je rigole. L’un d’eux me chatouille la joue. Je me retourne vers Maman. Elle sourit. Ça fait longtemps qu’elle n’a plus souri comme ça. Elle semble vraiment heureuse. A nouveau...
Maman me prend dans ses bras. Elle sent bon. Ses cheveux me picotent le nez. Je me sens bien. Je ferme les yeux. Nous sommes allongés dans l’herbe d’une petite colline, à l’abris d’un grand arbre, dont les feuilles, peu abondantes, laissent entrevoir un ciel d’un bleu splendide. C’est de cette façon que Maman avait décrit cet endroit enchanteur. Mais ce qu’elle m’indiquait maintenant de son doigt se trouvait au-delà du ciel. Elle observait les nuages…
Dans le ciel comme par magie, il y avait un petit lapin, semblable à la petite boule de poil que le bonhomme-au-grand-chapeau faisait apparaître. J’adore la petite boule de poil. Même si les gens n’avaient pas l’air de l’apprécier, là-bas…
Le petit lapin bondissait près d’une petite fleur. Une fleur aussi belle que le monsieur multicolore pétillait de vie. Ce monsieur multicolore illuminait le sourire de ma Maman. Car depuis le déménagement, maman ne souriait plus autant. En plus le nouvel appartement semblait beaucoup plus étroit que l’ancien et il n’avait qu’un seul lit et je partageais la chambre avec Maman qui devait dormir sur un petit fauteuil…
Des gens étrangement angoissants y venaient tous les jours. D’ailleurs, à côté de la fleur, il y a un tout petit nuage, en forme de larme. Il me fait penser au monsieur-en-blanc. Notre première rencontre a coïncidé avec le déménagement. Le Monsieur en blanc faisait pleurer Maman. Bien qu’elle ait beau me répéter qu’il n’était pas méchant, cet homme m’angoissait. A y penser aujourd’hui, j’ai une petite boule au ventre…
Maintenant nous sommes rentrés et Maman a recommencé à rire, à rire comme aujourd’hui quand nous étions allongés dans l’herbe, qui me chatouille la tête et s’emmêle dans mes petites pousses de cheveux qui ont recommencé à pousser avec le retour du bonheur…
…. Quelle magie !