Ils sont quatre à bord de leur vaisseau spatial, parti il y a un mois de leur planète-source, mais Styxx est le seul à se réveiller tandis que les trois autres dorment sagement dans leur caisson d'hibernation. Le vaisseau s'est éloigné de la trajectoire prévue et s'est engagé dans une zone interdite. L'ordinateur central ordonne à Styxx de rebrousser chemin au plus vite. Mais Styxx n'aime pas du tout obéir sans comprendre. Et puis c'est la première fois de sa vie qu'il peut agir en toute autonomie ! [Ricochet]
Cote : GREV bleu
Albert vit en 2028 et il nous raconte sa vie quotidienne, dans son drôle de monde. Il fréquente l’école Jardins et Maisons –enfin, si l’on peut encore appeler cela « école » et travaille aussi pour cette société. Il n’y a plus de maître, mais un démonstrateur pédagogique et, en guise de dictée, les élèves – employés de sa « classe » copient les textes des dépliants publicitaires de la dite société. Il est obligé de porter l’uniforme Jardins et Maisons, le tee-shirt vert fluo que l’on voit même la nuit. Dans le monde d’Arthur, il n’y a plus d’école publique gratuite. Les enfants de riches fréquentent des établissements payants ; les enfants de pauvres se content des écoles d’entreprises. Les parents pauvres sont contraints de signer un contrat scandaleux. Il lie leurs enfants à l’entreprise qui les emploie et les « éduque » vaguement, dès le CP et pour une durée d’au moins quinze ans. L’amie d’Arthur, Lila, est à l’école Speed-fooding. Mais elle lui annonce qu’elle va rompre son contrat pour rejoindre une «école du maquis ». Car dans ce monde-là, entièrement dirigé par l’argent et le commerce, il y a encore quelques îlots de résistance, des écoles clandestines où des enseignants en retraite prennent en charge les enfants, comme autrefois. Arthur se prend à rêver de ce que pourrait devenir sa vie dans l’une de ces écoles …
Yves Grevet, l’auteur de la trilogie « Méto », largement récompensée, signe là un texte très court mais très fort. Ce roman de politique fiction d’une efficacité redoutable est un plaidoyer pour un monde où l’on respecterait les humains, où le partage et la solidarité existeraient encore, où le profit ne serait pas le maître absolu. Il résonne d’autant plus que notre école publique, aujourd’hui, est bien malmenée. Espérons que ce texte n’ait pas une valeur prophétique … A tous ceux et celles qui le liront et le feront lire d’y réfléchir. Catherine Gentile [Ricochet]
Cote : GREV bleu
Frida a toujours vécu avec ses parents dans les marais isolés d'une province italienne. Alors qu'elle suit l'enseignement d'un pensionnat religieux, viennent les accusations envers son père, homme taciturne dont les villageois se méfient. Le procès pour meurtres et recel est expédié, Frida se retrouve orpheline. Un médecin de Bologne accepte alors de la recevoir, de finir de l'éduquer. Indépendante d'esprit, Frida se soumet pour survivre. Mais pourquoi le docteur a-t-il voulu l'examiner, mesurer la taille de son crâne ? Pourquoi se sent-elle épiée dans ses moindres comportements ? Frida, aidée en secret par des amis de son père, va se sauver des griffes d'une bourgeoisie hypocrite.
Dans une Italie encore largement conservatrice mais politiquement agitée, face à une science aux progrès plus qu'incertains, Frida trace son chemin sans presque se soucier de ce qui l'entoure. Même sans connaissances historiques, le lecteur comprend assez vite qu'elle est victime d'essais de morphopsychologie destinés à servir la criminologie. Soutenue par une famille de malfaiteurs dont les tendances révolutionnaires échappent à cette jeune fille sage, Frida se concentre cependant sur ses objectifs à elle : trouver sa place, venger ses parents. C'est une battante, une résistante dans un monde hostile qui n'est pas sans rappeler celui de Méto ou de Nox. Yves Grevet, d'une écriture perturbée et claquante au présent, nous fait ressentir ses émotions à travers son journal intime. Jour après jour, nous suivons sa peur, ses dissimulations (elle se déguise souvent), ses espoirs, sa colère... Avec cette belle héroïne au tempérament méditerranéen, nous apprenons qu'un destin n'est jamais tracé et que ceux qui ont le pouvoir n'ont pas forcément raison. Une leçon à prendre à travers les siècles et les histoires, rendue captivante par un auteur décidément attaché à nos libertés. Sophie Pilaire [Ricochet]
Cote : GREV rouge