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Photo du rédacteurCorsier Bibliothèque

Le grand bleu


En se réveillant ce matin-là, Georges réalisa qu’il n’était pas dans son état normal. Il était tout fripé comme s’il sortait d’un long bain.


C’était un jeudi, jour d’école, mais il n’avait pas envie d’y aller. Il sentait que quelque chose de bizarre s’était passé la veille. Il arriva en classe un peu endormi alors qu’il avait ce jour-là un cours de dessin. Le professeur leur donna comme thème : « le monde sous-marin ». La plupart des élèves commençaient à dessiner mais la feuille de Georges demeurait blanche. Georges fixait le mur de la classe, hébété mais aucune inspiration ne lui venait. Pour finir il griffonna rapidement un simple dauphin puis se replongea dans ses pensées. Quand il regarda l’horloge, il vit que cela ne faisait qu’une heure qu’il travaillait. Le temps ne s’était pas écoulé aussi vite qu’il l’aurait voulu. Quelques instants plus tard, il regarda à nouveau l’horloge et constata que les aiguilles n’avaient pas bougé. Il se dit qu’il fallait signaler cette anomalie. Il se retourna vers le bureau de son professeur mais il n’y avait personne. Il pensa qu’il était parti faire des photocopies. C’est alors que Georges réalisa qu’il n’y avait plus aucun bruit dans la classe. Il se retourna à nouveau et vit la classe vide. Il regarda à nouveau l’horloge et se sentit soudain attiré par cet objet. Les aiguilles commençaient à tourner et tournèrent de plus en plus vite jusqu’à ce qu’il ne voie que du noir.


Il reprit conscience dans le bus qui s’arrêta devant chez lui. Il en descendit et ouvrit la porte de la maison. Dans sa chambre, toujours préoccupé par ce qu’il venait de vivre, il pensa qu’un bon bain pourrait l’aider à se détendre.


En attendant que la baignoire se remplisse, il accrocha son dessin sur sa porte. Enfin, il entra dans un bain chaud et agréable et put enfin commencer à rêvasser. Il se remémorait sa journée quand il sentit quelque chose qui venait du fond de sa baignoire. Il s’en rapprocha et soudainement se fit aspirer dans les tuyaux d’évacuation. Minutes après minutes il perdait de l’oxygène et peinait à respirer. Il se retrouva, paniqué, dans un immense liquide bleu foncé sans fond. Il ne voyait rien autour de lui et la terreur l’envahissait de plus en plus. Lui qui avait toujours eu peur de se noyer, il essaya, dans un dernier geste, de remonter à la surface et n’y arrivant pas, il abandonna et se laissa à nouveau couler.


Tout à coup il se rendit compte qu’il pouvait respirer même s’il était au fond de l’océan. Il rouvrit les yeux, prit une grande bouffée d’air et regarda autour de lui un peu plus rassuré. A ce moment, droit devant lui, il aperçut une masse noire non identifiée. Apeuré, il réalisa que cette forme s’approchait de lui. Tétanisé, il regarda cette ombre s’approcher mais, en la regardant de plus près, il réalisa qu’il s’agissait du dauphin qu’il avait dessiné le matin-même à l’école. Sachant que ces mammifères ne sont pas dangereux, il commença à se calmer.


Georges se sentit à nouveau aspiré par le fond. Il était lourd, très lourd. Une décharge électrique le ramena dans la baignoire où il s’était endormi. Il sortit de son bain qui était froid. En allant dans sa chambre il vit sur la feuille accrochée sur sa porte que le dauphin avait disparu. Seule une feuille bleue sombre demeurait. Cela lui rappelait un vague souvenir, mais rien de plus précis.



Le lendemain était un jeudi et il se réveilla un peu troublé. Il avait la peau fripée comme s’il avait pris un très long bain. Il alla à l’école et se souvint qu’il avait le dessin ce jour-là. Le professeur avait choisi comme thème « les animaux sous-marins ». Cette fois, inspiré, il fut le premier à commencer son dessin.







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