L'école est finie / Yves Grevet
Albert vit en 2028 et il nous raconte sa vie quotidienne, dans son drôle de monde. Il fréquente l’école Jardins et Maisons –enfin, si l’on peut encore appeler cela « école » et travaille aussi pour cette société. Il n’y a plus de maître, mais un démonstrateur pédagogique et, en guise de dictée, les élèves – employés de sa « classe » copient les textes des dépliants publicitaires de la dite société. Il est obligé de porter l’uniforme Jardins et Maisons, le tee-shirt vert fluo que l’on voit même la nuit. Dans le monde d’Arthur, il n’y a plus d’école publique gratuite. Les enfants de riches fréquentent des établissements payants ; les enfants de pauvres se content des écoles d’entreprises. Les parents pauvres sont contraints de signer un contrat scandaleux. Il lie leurs enfants à l’entreprise qui les emploie et les « éduque » vaguement, dès le CP et pour une durée d’au moins quinze ans. L’amie d’Arthur, Lila, est à l’école Speed-fooding. Mais elle lui annonce qu’elle va rompre son contrat pour rejoindre une «école du maquis ». Car dans ce monde-là, entièrement dirigé par l’argent et le commerce, il y a encore quelques îlots de résistance, des écoles clandestines où des enseignants en retraite prennent en charge les enfants, comme autrefois. Arthur se prend à rêver de ce que pourrait devenir sa vie dans l’une de ces écoles …
Yves Grevet, l’auteur de la trilogie « Méto », largement récompensée, signe là un texte très court mais très fort. Ce roman de politique fiction d’une efficacité redoutable est un plaidoyer pour un monde où l’on respecterait les humains, où le partage et la solidarité existeraient encore, où le profit ne serait pas le maître absolu. Il résonne d’autant plus que notre école publique, aujourd’hui, est bien malmenée. Espérons que ce texte n’ait pas une valeur prophétique … A tous ceux et celles qui le liront et le feront lire d’y réfléchir. Catherine Gentile [Ricochet]
Cote : GREV bleu